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Dakar

 

DAKAR, CAPITALE DU SENEGAL
 
 
d’après BOUBACAR DA BORO

 

 

PREFACE
 
 
 
 
 
Dakar ! son nom bruit à l'unisson des vagues qui viennent mourir sur son rivage de sable fin.
 
Pointe avancée du continent, il symbolise l'ouverture de la mère Afrique à tous les souffles
fécondants des vents des mers.
 
Il  accueille  l’Europe  et  sourit  aux  Amériques,  poreux  à  tous  les  apports  de  l'extérieur  ;  il
exprime aussi la générosité de tout un continent tendu au banquet de l'Universel.
 
Mais Dakar est également la capitale d'un pays LE SENEGAL qu'il résume à merveille.
 
La douceur de ses pierres, la finesse de ses lignes, la beauté sauvage de ses architectures
traduisent dans la forme et les signes les heurts et les angoisses d'un peuple fascinant et les
symboles d'un pays laborieux.
 
Boubacar BA DORO, grâce à l'oeil de la boÎte magique, restitue tout cela avec une fidélité
insoupçonnée, dans cette oeuvre colossale qui fera date dans l'histoire.
 
Plaque  tournante,  porte  de  l'Afrique,  point  d'ancrage,  Dakar  vibre  de  vie  au  rythme  de  la
marche de tout un peuple, de tout un continent.
 
Terre  de  la  légendaire  Téranga  sénégalaise,  tour  à  tour  exubérante  ou  intime,  Dakar  fait
notre fierté légitime.
 
Merci donc au talent de Boubacar BA DORO pour l'avoir révélé à nos yeux dans ses plus
beaux atours.
 
 
 
 
Mamadou DIOP

Ex-Président de la République du Sénégal

 

 

 

LE BLASON DE LA VILLE DE DAKAR
 
 
 
 
« D'or  aux  deux  chevrons  de  sinople,  chaussé  d'azur,  chargé  en  chef  d'un  écusson  de
gueules  au  phare  d'argent  rayonnant  d'or  à  huit  pièces,  l'azur  chargé  en  pointe  de  deux
pirogues affrontées de sable à la voile d'argent, l'écu timbré d'une couronne murale à trois
tours soutenu par deux branches de tamarinier de sinople ».
Le  triangle  d'or  représente  la  presqu'île  du  Cap-Vert.  Le  Phare,  celui  des  Mamelles  qui
symbolise  le  rôle  de  Dakar  en  A.O.F  avec  huit  rayons  d'or  pour  les  huit  territoires  de  la
Fédération.  Les  deux  chevrons  représentent  les  deux  Mamelles  dominant  la  mer.  Les
pirogues, la communauté Léboue, et les deux branches de tamariniers, les deux étymologies
possibles de Dakar : Tamarinier ou « Le Refuge ».
Soudé par un col d'une cinquantaine de kilomètres à la courbure du renflement africain, à
peu  près  à  mi-distance  entre  le  30e  degré  de  latitude  nord  où  commence  le  désert  et  les
pays  du  Bénin.  le  bout  de  la  presqu'île  du  Cap-Vert  occupe  une  situation  de  bonne  heure
reconnue intéressante sur la route des navires.
Ensuite sur les routes Europe-Afrique-Amérique du Sud ou Antilles, la situation du bout de la
presqu'île était sans égale. C'est en effet de tous les « Finistères » de l'ancien monde le plus
occidental.
La  presqu'île  du  Cap-Vert  dépasse  17  degrés  Ouest  de  Greenwitch  atteignant  même  17
degrés 16' à la pointe des Almadies.
Dans les relations Europe-Afrique-Amérique d'autrefois, la ligne la plus courte était celle qui
passait  par  le  Cap-Vert.  Ainsi  par  sa  situation  favorable  sur  les  lignes  ouest-africaines  de
cabotage  ou  de  grande  navigation  et  sur  les  lignes  transatlantiques,  par  son  eau  dont  les
sables  du  Cap-Vert  étaient  relativement  riches,  par  la  possibilité  pour  l'arrièrepays  de
participer  au  «  commerce  triangulaire  »,  la  tête  de  la  presqu'île  constituait  un  carrefour  de
premier  plan.  Mais  il  ne  s'agissait  que  d'un  carrefour  maritime  ;  l'Afrique  hostile  était  peu
pénétrée et les échanges se limitaient à une mince frange côtière.*

 

 

 

 

 HISTORIQUE DE LA VILLE DE DAKAR
 
 
 
Les très nombreux gisements préhistoriques qui parsèment la presqu'île du Cap-Vert, surtout
dans  les  environs  immédiats  de  DAKAR  et  RUFISQUE  prouvent  que  l'homme  a  toujours
habité le pays. Il avait d'ailleurs à sa portée les ressources de la mer, de l'agriculture et de la
chasse. Ses outils étaient fabriqués avec une pierre d'excellente qualité (basalte de DAKAR,
calcaire de RUFISQUE).
Il  a  fallu  attendre  le  XVème  siècle  pour  découvrir  le  Cap  Vert.  Depuis  1434,  les  Portugais
sous  l'énergique  impulsion  de  l'infant  Henri  le  Navigateur  poussaient  plus  loin,  au-delà  du
Cap Bojador, qui fut jusque-là l'extrême limite des navigateurs vers le Sud.
En 1444, Denis DIAS arrivait en vue de la presqu'île et des pitons des Mamelles. Après toute
la  côte  plate  et  stérile  parcourue  depuis  le  Maroc,  c'était  le  premier  relief  de  quelque
importance,  avec  de  la  végétation  :  il  appela  cette  presqu'île  :  Cap-Vert.  Il  débarqua  dans
une île, Gorée, plutôt que les Madeleines. Mais les premiers contacts avec la  Côte même
datent  des  années  suivantes  seulement.  Gorée,  alors  appelée  île  Palma.  devient  l'escale
obligatoire des caravelles et des relations s'établirent avec la « grande terre », en particulier
pour la fourniture de l'eau et de vivres. Gorée fut longtemps connue sous ce nom.
La défaite de l'Invincible armada en 1588 ayant porté un coup terrible à là marine portugaise,
d'autres  nations  profitèrent  de  l'occasion  pour  s'établir  sur  les  côtes  ouest-africaines  qui
étaient jusque-là le fief exclusif des Portugais.
Les Hollandais entre autres se montrèrent particulièrement entreprenants. Après 1595, ils y
trafiquèrent  ouvertement  et  jetèrent  tout  naturellement  leur  dévolu  sur  la  petite  île.  qu'ils
achetèrent en 1617 selon la tradition. Ils lui donnèrent le nom de Gorée venant de « Goede
Reede " c'est-à-dire la bonne rade.
L'île  passa  à  la  France  en  1617,  date  à  laquelle  l'amiral  d'ESTRES  la  conquit.  La  Grande
Terre faisait alors partie du royaume du Cayor. Il ne s'y élevait alors que quelques villages de
pêcheurs : Yoff, Hann, Bègne, sont parmi les premiers villages cités, et l'on voit apparaître
pour la première fois le village de DAKAR sur le croquis d'ADANSON établi en 1750.
Ce nom de DAKAR était rattaché à deux étymologies contestables :
" DAKAR » tamarinier en wolof
• DEUK RAW » le refuge en wolof

 

 

 

 

Vers  1750,  le  village  de  DAKAR  était  habité  par  des  Lébous.  Pour  certains  le  mot  Lébou
vient  de  «  Léb  »  c'est-àdire  faire  des  contes  en  wolof  (ceux  qui  sont  doués  pour  dire  des
fables). Pour d autres le mot Lébou signifierait. défi, volonté d'indépendance.
De toute manière, les Lébous seraient originaires du TEKROUR (nord du Sénégal) d'où ils
avaient été chassés par les Almoravides. Les Lébous firent tout d'abord partie de la grande
migration  sérère.  lis  se  seraient  d'abord  installés  près  du  lac  Tanma  (de  nombreuses
traditions les rattachent au groupe NDOUT), puis auraient poursuivi leur déplacement vers le
Sud-ouest et auraient fondé Kounoune, Rufisque et Bargny.
L'occupation de la presqu'île se fit à partir de Tyorum (entre Keur Massar et Yeumbeul), sous
l'impulsion de trois groupes :
- Le premier fonda MBao et MBao Guédji
- Les Soumbédiounes sont à l'origine de Yoff, Ngor et Ouakam (côtes nord et ouest)
- Les Begnes enfin fondèrent une dizaine de villages qui ont fait place depuis lors à la ville de
Dakar.
Les Lébous secouèrent l'autorité du Damel du Cayor sous Amary NGoné COUMBA (1790
-1809) et firent reconnaître leur indépendance par son successeur Birama Fatma  THIOUB
(1809 -1932).
Dial  DIOP  fut  le  héros  de  l'indépendance  et  devint  le  premier  Chef  de  «  l'Etat  Lébou  »
(1795). Cet Etat Lébou se dota d'une remarquable organisation politique qui comprenait des
Assemblées (les Diambours) et des Chefs tant coutumiers que religieux (Serigne NDakarou,
NDèye Dji Rew, Diaraf. Saltigué, Cadi etc … )  
Pour se protéger contre les attaques des Tieddos du Damel. les Lébous construisirent des
retranchements de pierres sèches, les Tatas, isolant la presqu'île, et matérialisant une ligne
de défense « magique ».
Les vestiges de ces Tatas sont encore visibles près de Yoff.
Après  les  guerres  napoléoniennes,  les  Français  auxquels  Gorée  et  Saint-Louis  viennent
d'être rendues, reviennent au Sénégal.

 

 

 

En 1816, les naufragés de la Méduse sont accueillis par le Serigne NDakarou après que les
Anglais  leur  eurent  refusé  asile  à  Gorée.  Le  souvenir  de  ces  naufragés  est  perpétué  par
l'Anse Bernard qui porte le nom de leur Chef.
A cette époque, les premiers essais de colonisation agricole furent tentés, notamment par la
Société Coloniale Africaine, puis la Société Coloniale Philanthropique. Mais ils échouèrent.
En  1832,  les  Goréens  acquirent  le  cimetière  de  Bel  Air  et  en  1845,  les  missionnaires
édifièrent leur première fondation à l'emplacement de l'actuelle Mairie, premier établissement
important.
Telles furent les relations de la Presqu'île du Cap-Vert et de Gorée avant qu'intervint le fait
historique de 1857.
Le  25  mai  1857,  le  capitaine  de  vaisseau  PROTET,  Commandant  supérieur  de  Gorée  et
dépendances chef de la Division navale, à bord du Jeanne d'Arc adresse au ministre chargé
des colonies, le compte-rendu suivant :
« J'ai l'honneur de vous informer que j'ai fait arborer le pavillon français sur le petit fort que
nous  avons  construit  à  Dakar.  Il  dégagera  notre  commerce  de  tous  péages  d'ancrage,  de
lest de sable et d'eau qui étaient imposés à nos bâtiments marchands, en même temps qu'il
étendra notre influence sur toute cette côte voisine de Gorée ».
« J'ai profité, pour faire acte de possession, du jour du Ramadan qui est pour la population
indigène de la presqu'île la plus grande fête de l'année. J'avais donné aux principaux chefs
un pavillon qu'ils ont arboré sur leurs cases, de sorte que les coups de fusil, les danses, et
les habits de fête de tous ces noirs ont autant célébré la domination française que la fin de
leur carême.
« Quant à nous, nous nous sommes bornés aux simples honneurs militaires préférant aux
réjouissances que nous avions pu ordonner celles bien plus de démonstrations des habitants
du pays que nous venons d'ajouter aux dépendances de Gorée ». Dakar fut fondé (1).
Politique  du  fait  accompli  que  le  Droit  international  moderne  ne  pourrait  que  qualifier
d'agression délibérée d'un état indépendant et souverain.
Dès 1862, débutèrent les travaux du Port de Dakar. Ils se poursuivent sans relâche pendant
quatre  ans.  Le  port  primitif  de  Dakar  fut  inauguré  le  4  novembre  1866  par  le  passage  du
paquebot des messageries impériales venant de Bordeaux.
 
__________________________________________
(1) – Le Sénégal ne comprenait alors que Saint-Louis et sa zone d'influence directe.

 

 

 

 

Les  premiers  essais  d'urbanisation  furent  tentés  par  des  administrateurs  coloniaux  qui  ont
compris la nécessité d'établir des plans.
En 1862, PINET LAPRADE, Chef de bataillon du Génie compose un premier plan directeur
de  Dakar  qui  s'articule  sur  le  boulevard  qui  porte  son  nom.  Sont  alors  tracés  la  rue  des
Essarts, la place Kermel, le Cercle militaire et leurs environs.
Ce quartier a l'aspect d'une petite ville de province française qui se prêtera mal, par la suite.
à la circulation de nos jours.
A sa mort le 17 août 1863, PINET LAPRADE laisse un Dakar adulte, pourvu d'un port, de
quais,  de  bâtiments  administratifs  et  militaires,  de  constructions  commerciales,  de  rues
plantées d'arbres, de jardins et d'un musée,
En  1855  -  1886  est  créé  et  exploité  le  chemin  de  fer  Dakar  Saint-Louis,  dont  la  gare  se
trouve  à  l'ouest  de  l'entrée  du  môle  1  approximativement  à  l'emplacement  du  frigorifique
actuel.
Le décret du 17 juin 1887 qui séparait officiellement Dakar de Gorée, consacrait la naissance
de celle-là en tant qu'unité autonome. N'étant plus sous la tutelle de Gorée, son extension se
fit  plus  rapide  surtout  lorsque  la  Marine  française  eut  décidé  de  faire  de  Dakar  un  point
d'appui de sa flotte, à la suite des rivalités entre les grandes puissances qui ont surgi après
la  conférence  de  Berlin.  Les  travaux  durèrent  jusqu'en  1908  et  donnèrent  au  Port  sa
physionomie définitive : arsenal, bassin de radoub, môles, jetées etc…
Au  commencement  du  siècle,  Dakar  se  limite  au  sud  de  l'ancienne  route  de  Bel-Air  et
Rufisque demeure toujours la capitale commerciale du pays.
Mais  en  1902,  se  produit  un  événement  capital.  Le  transfert  du  siège  du  Gouvernement
général de l'A.O.F. (Fédération de l'Afrique Occidentale Française) de Saint-Louis à Dakar,
symbolisait l'essor de la ville et sa grande destinée politique et commerciale, tout comme le
déclin de Saint-Louis, de Gorée et de Rufisque.
En 1907, le Gouverneur général ROUME, s'installe dans son Palais (actuel Présidence de la
République)  situé  dans  le  plateau.  Cette  installation  donne  à  ce  quartier  ses  destinées
résidentielles.  Bordées  par  des  installations  militaires  et  des  bâtiments  administratifs,  des
villas  d'ordinaire  à  deux  niveaux,  s'ajoutent  les  uns  aux  autres  entourées  d'un  jardinet  et
d'une cour, tandis que l'ancienne population Léboue se regroupe dans les cases à l'intérieur
des îlots ou s 1 entasse à la périphérie, au-delà de la rue VINCENT.

En 1915, à la suite d'une épidémie de peste, les Européens refoulèrent les autochtones vers
un village de ségrégation aux abords de DAKAR. Le site est l'actuelle Medina.

 

 

 

A la même époque, Port et Arsenal, en se développant, attirent l'installation des premières
industries.  La  croissance  de  Dakar  se  poursuit  de  manière  spectaculaire  comme  en
témoigne son évolution démographique,
1556  habitants  en  1878.  8737  en  1891,  18447  en  1904  23883  en  1914,  33700  en  1926,
92600 en 1936. On s 1 aperçoit alors que Dakar qui avait poussé un peu trop vite, présentait
les symptômes d'une maladie de croissance. Pour y remédier, le premier plan directeur de
Dakar fut élaboré en 1946 par Messieurs LOPEZ, GUTTON et LAMBERT. Ce plan orienta le
développement urbain pendant toute la période coloniale.
En 1957, l'éclatement de l'A.O.F. fait perdre à Dakar sa qualité de Capitale fédérale. Mais
déjà avait été décidé le transfert de Saint-Louis à Dakar du siège de la Capitale sénégalaise.
Et c'est avec Dakar comme capitale que le Sénégal accédera à l'indépendance en 1960.
En 1961, un nouveau plan directeur fut approuvé, suivi d'un troisième.
L'objectif  de  ces  plans  est  d'aménager  au  mieux  ce  qui  existe  et  de  prévoir  des  zones
d'extension vers lesquelles seront orientés les développements futurs.    
 
 
 
_________________________________

 

 

 

DAKAR, VILLE MODERNE
 
Aujourd'hui, Dakar est une grande métropole qui compte environ un million d'habitants.
Abordée  par  la  mer,  cette  ville  fait  grande  impression.  Sur  le  rocher  de  la  presqu'île  se
dresse un ensemble majestueux de grands immeubles qui de loin, paraissent alignés en une
série de demi-cercles, en bordure des anses, orientées vers l'est qui forment la grande baie
dite de Dakar,
Une de ces anses loge un grand port moderne.
En  arrière  de  l'enceinte  du  port,  un  vaste  terrain  plat  porte  les  bâtiments  administratifs  du
port  et  l'immeuble  principal  de  la gare  derrière  le  port  militaire,  tandis  que  vers  le  Nord  se
développe une zone industrielle qu'indiquent des réservoirs à hydrocarbures, des immeubles
massifs non jointifs parfois surmontés de cheminées.
C'est à l'ouest de ce secteur portuaire que s'étend la ville.
D'abord sur le plateau, une ville de type européen centré sur la place de l'Indépendance, une
ville complètement urbanisée, et groupant la presque totalité des activités administratives et
commerciales.
Ensuite, dans une plaine basse qui lui fait suite vers le nord se développe une agglomération
hétéroclite où des maisons en maçonnerie alternent avec des baraques, l'ensemble formant
un contraste avec le Plateau : c'est la Médina.
Enfin plus au nord, sur un nouveau plateau s'élèvent en direction des cônes volcaniques de
Ouakarn, des ensembles très modernes avec buildings ou villas (Fann Résidence, Point E,
Sicap,  etc…  alternant  avec  des  quartiers  populaires  Grand  Dakar.  Fass,  Nimzath,  Niarry
Tally) indiquant une urbanisation en pleine évolution. Du reste, il est malaisé de déterminer
les limites de cette nouvelle zone qui se poursuit le long des axes routiers surtout de la ville
et mord chaque jour sur la périphérie par le développement de nouveaux noyaux tels ceux
de l'aéroport, de Yoff, des Parcelles assainies, et la création par les « déguerpis » de la ville
de nombreux bidonvilles comme ceux de Diamaguène et de Guédiawaye etc…
D'une  manière  générale,  Dakar  est  un  grand  ensemble  complexe,  dont  la  croissance  se
poursuit  à  un  rythme  très  rapide.  Les  paysages  urbains  de  cet  ensemble  sont  en  rapport
avec les différentes fonctions de la ville.
La capitale sénégalaise est en effet une ville à fonctions multiples. Dakar a :
- une fonction politique et administrative,
- une fonction commerciale,
 
- une fonction industrielle.

 

 

 

Il s'y ajoute d'autres fonctions qui renforcent son influence.
Fonction  d'escale  et  de  transit  par  le  port  et  l'aéroport,  fonction  universitaire,  fonction  de
carrefour artistique par l'activité de son grand théâtre par l'Ecole des Arts…
Dakar  est  enfin  une  métropole  par  l'aspect  monumental  et  l'organisation  urbaine  de  son
centre  ville  liés  à  un  souci  de  prestige  en  rapport  avec  la  fonction  de  Capitale.  Dakar
constitue  l'un  des  ensembles  les  plus  monumentaux  et  les  mieux  organisés  de  l'Afrique
Noire.
Dakar, ville cosmopolite
Ancien  village  de  pêcheurs  Lebou  et  Wolof,  Dacar  ou  Dahar  qui  signifie  «tamarinier»  en
wolof,  est  envahi  par  les  colons  au  XIXe  siècle,  Gorée  devenant  surpeuplée.  En  1857,
l’armée, initialement fixée à Gorée, est transférée sur le continent par le capitaine Protêt et
s’installe sur l’actuelle Place de l’Indépendance. La ville de Dakar se développe alors avec,
comme atout principal, son port naturel.
Dakar,  aujourd’hui  métropole  administrative,  politique,  militaire,  économique,  sociale  et
culturelle est une ville cosmopolite, africaine et européenne à la fois, de plus de deux millions
d'habitants.
Le centre urbain
On   retrouve   dans   l’organisation   géographique   de   la   capitale   la   politique   coloniale
ségrégationniste d’avant 1945 :
•     Le Plateau, situé sur une falaise de 20 à 30 mètres de haut, comprend le centre de la
ville, la Place de l’Indépendance, le quartier des affaires et des administrations.  
•     La  Médina,  le  cœur  populaire  de  Dakar,  est  typique  avec  son  plan  quadrillé.  Son
habitat reflète la structure du village : les pièces sont organisées autour d’une cour
intérieure où trône un baobab ou un fromager.  
•     D'autres  quartiers  très  peuplés  se  sont  développés  :  Gueule  Tapée,  Fass,  Grand
Dakar, puis les SICAP et HLM.
 
 
Principaux pôles d’attraction

 

 

•     Le palais du Président de la République. Il se dresse au milieu d’un très beau parc,
face à l’océan.  
•     Le musée de l’IFAN consacré aux arts et traditions de l’Afrique de l’Ouest.  
•     Le marché couvert de Sandaga, à l’architecture néo-soudanaise, très pittoresque, le
marché Tilène, près de la Médina, très riche en couleurs, le marché Kermel.  
•     Autour  de  la  Place  de  l’Indépendance  :  l’Hôtel  de  Ville  datant  de  1914,  la  gare,
l’embarcadère pour Gorée et le port, très actif.  
•     La Grande Mosquée, l’un des plus beaux édifices religieux d’Afrique.  
 
En dehors du centre ville
•     Soumbédioune, avec son marché artisanal et son grand port de pêche,puis, le long
de la grande corniche, le quartier des ambassades de Fann Résidences, puis
Ouakam  
•     Les Mamelles, deux collines d’origine volcanique, dont la plus occidentale supporte le
plus puissant phare d’Afrique.  
•     La pointe des Almadies, cap le plus à l’ouest du continent.  
•     Ngor, l’île aux artistes et Yoff, petit port de pêche très animé.  
A l'Est, la zone industrielle borde la baie de Hann. Tout proche, le parc zoologique de Hann.
Au  Nord  enfin  s'étendent  les  quartiers  de  banlieue  de  Parcelles  Assainies,  Pikine  et
Guédiawaye, qui rassemblent la moitié de la population de la ville.

 

 

 

 

 

 

L’ILE DE GOREE
 
Un quart d'heure seulement en chaloupe suffit pour relier Gorée au reste du continent. D'une
superficie de 28 hectares, cette île exerce un charme et une fascination extraordinaires sur
les visiteurs qui ressentent une émotion particulière en déambulant dans ses ruelles étroites
et paisibles.  
Trois  siècles  durant,  de  nombreux  africains  ont  été  réduits  à  l'esclavage  et  embarqués,  à
partir de l'île de Gorée en direction du continent américain. La célèbre Maison des esclaves,

un des musées les plus visités au Sénégal, conserve encore toute la poignante réalité de ce
pan de l'histoire universelle.
Tour  à  tour  occupée  par  les  Portugais,  les  Hollandais,  les  Français,  les  Anglais  qui  la
rendirent à la France en 1817, Gorée était une escale obligée pour les navires européens à
destination de l'Amérique et de l'Asie. Dès l'abolition de l'esclavage en 1848, le déclin de l'île
est inévitable, surtout avec la création de Dakar en 1857 et Rufisque en 1859. A partir de
1929, Gorée est annexée à la capitale.
Aujourd'hui, l'île abrite de nombreuses résidences secondaires et accueille tous les jours de
nombreux  visiteurs.  Plusieurs  sites  sont  dignes d'intérêt  :  le  musée  historique,  dans  le  fort
d'Estrées, où l'histoire du Sénégal est passée en revue, de la préhistoire à l'indépendance,

en  passant  par  la  période  coloniale,  le  musée  de  la  femme  qui  présente  des  vitrines  très
originales sur le rôle des femmes sénégalaises dans les sociétés traditionnelle et moderne et
le musée de la mer, célèbre pour ses collections de poissons et mollusques marins.
Le Castel, plateau rocheux recouvert de fortifications, domine l'île et offre une vue superbe
sur  Dakar.  En  face  du  marché,  se  dresse  le  Relais  de  l'Espadon,  ancienne  résidence  du
gouverneur français de Gorée transformée en hôtel et aujourd'hui abandonné.
Située à moins de quatre kilomètres de Dakar, au centre de la rade que forme la côte sud de
la presqu'île du Cap-Vert, l'île de Gorée offre un abri sûr pour le mouillage des navires. De
ce fait, elle a été, depuis le XVe siècle, un enjeu entre diverses nations européennes qui l'ont
successivement utilisée comme escale ou comme marché d'esclaves.  

 

 

 

Appelée " Beer" en wolof, elle a été baptisée "Goede Reede" par les Hollandais, pour être
connue plus tard sous le nom de Gorée. Elle offrait, surtout à la fin du XVIIIe siècle, le double visage d'un carrefour prospère, où commerçants, soldats et fonctionnaires vivaient dans un
décor de rêve, et d'un entrepôt de "bois d'ébène", avec tout son cortège de souffrances et de
larmes.  
Cette  dualité  s'est  inscrite  dans  l'aspect  physique  de  Gorée  :  au  premier  abord  apparaît
l'harmonie  du  site  naturel  avec  les  forts  et  les  édifices  publics  aux  lignes  classiques,  et

surtout  avec  les  maisons  parées  de  toutes  les  teintes  de  vieux  rose,  qui  laissent  deviner,
entre leurs arcades, le bleu de la mer et le vert des jardins intérieurs, où, à l'abri des vents
atlantiques, s'ouvrent  les  vérandas à  colonnes,  les  escaliers  en  fer  à cheval,  les  allées  de
basalte poli. Un grand nombre de ces maisons abritaient, dans leur sous-sol, l'esclaverie où
étaient parqués hommes et femmes, le plus souvent jeunes, destinés aux plantations et aux
ateliers  des  Amériques.  Dans  des  caves  humides  et  sombres,  ou  dans  des  cachots  de
torture  pour  ceux  qui  se  révoltaient,  les  déportés  séjournaient  durant  des  semaines,  dans
l'attente du voyage sans retour.  
Là, au moment d'embarquer, chaque esclave était marqué au fer rouge, à l'emblème de son
propriétaire.  Puis  les  esclaves  étaient  entassés  dans  les  cales,  où  beaucoup  d'entre  eux

devaient périr avant l'arrivée à destination.  
Mais l'Amérique, dont la colonisation a été à l'origine de cette tragique déportation, allait être
également le cadre de grandes luttes libératrices qui, peu à peu, y mettront fin. Préparée par
le  triomphe  de  la  Révolution  Haitienne  à  Vertières  en  1803,  et  proclamée  au  Congrès  de
Vienne en 1815, l'abolition officielle de la traite négrière produisit ses effets sur Gorée.  
Dès 1822, des institutions éducatives y prennent naissance. Devenue centre administratif et
scolaire,  l'île  abrita  notamment  l'école  normale  fédérale  de  l'Afrique-Occidentale  française,
connue  surtout  sous  le  nom  d'École  William-Ponty,  qui  forma  les  cadres  africains  dont
plusieurs devaient, plus tard, contribuer à la décolonisation de l'Afrique subsaharienne. Par
la suite, Gorée a connu une longue période de déclin.  

 

 

 


De nos jours, l'île abrite de nouveau des établissements éducatifs destinés à la formation de
cadres  nationaux  ainsi  que  l'Université  des  Mutants,  dont  la  vocation  est  d'apprécier  et

d'approfondir les aspects les plus fécondants des diverses cultures du monde, pour mieux
les ouvrir à l'esprit de fraternité et de coopération universelles.  Ainsi, après avoir été, entre l'Afrique et les Amériques noires, le trait d'union symbolique de
la  désolation,  Gorée  devient-elle  peu  à  peu  un  symbole  d'espoir,  vers  où,  de  plus  en  plus
nombreux,  convergent  aujourd'hui,  en  une  sorte  de  pèlerinage,  les  descendants  des
déportés  de  jadis,  en  quête  de  leurs  racines  et  tous  ceux  qui  entendent  puiser  dans  son
histoire les raisons d'une nouvelle solidarité des peuples.  
Gorée a gardé, des souffrances et des joies qu'elle a ensemble abritées, comme une faculté
de  surmonter  les  épreuves,  d'absorber  le  malheur  dans  la  respiration régulière  de  l'océan.
De  même,  à  travers  les  diverses  périodes  qu'elle  a  traversées,  Gorée  a  préservé  une

cohérence architecturale qui réunit les apports culturels les plus dissemblables – nordiques et
méditerranéens, islamiques et chrétiens -pour les fondre dans une unité dictée à la fois par
l'exiguïté  de  l'espace,  l'exposition  aux  vents  du  grand  large,  l'homogénéité  du  matériau  de
construction et, enfin, peut-être surtout, les courants d'une histoire tourmentée qui avait fait
de chaque demeure un entrepôt d'esclaves en même temps qu'une position de défense.  
Gorée offre une heureuse symbiose du passé et du présent, de l'histoire et du quotidien, de
l'harmonie  des  formules  visibles  et  de  l'empreinte  dramatique  du  souvenir.  C’est  pourquoi
elle  constitue  désormais  un  de  ces  lieux  uniques  où  peut  se  retremper  la  mémoire  des
jeunes  générations  d'Afrique  et  des  Amériques,  en  même  temps  que  se  renouvellent  les
sources de leur inspiration. Un tel endroit, s'il appartient à l'imaginaire vivant de l'Afrique et
des  Amériques,  appartient,  dans  une  égale  mesure,  à  la  conscience  du  monde.  Il  peut
devenir  une  terre  de  méditation,  un  haut  lieu  de  réflexion  et  de  recueillement,  où  les
hommes,  plus  conscients  des  tragédies  de  leur  histoire,  apprendront  mieux  le  sens  de  la
justice et celui de la fraternité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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