Dakar
DAKAR, CAPITALE DU SENEGAL
d’après BOUBACAR DA BORO
PREFACE
Dakar ! son nom bruit à l'unisson des vagues qui viennent mourir sur son rivage de sable fin.
Pointe avancée du continent, il symbolise l'ouverture de la mère Afrique à tous les souffles
fécondants des vents des mers.
Il accueille l’Europe et sourit aux Amériques, poreux à tous les apports de l'extérieur ; il
exprime aussi la générosité de tout un continent tendu au banquet de l'Universel.
Mais Dakar est également la capitale d'un pays LE SENEGAL qu'il résume à merveille.
La douceur de ses pierres, la finesse de ses lignes, la beauté sauvage de ses architectures
traduisent dans la forme et les signes les heurts et les angoisses d'un peuple fascinant et les
symboles d'un pays laborieux.
Boubacar BA DORO, grâce à l'oeil de la boÎte magique, restitue tout cela avec une fidélité
insoupçonnée, dans cette oeuvre colossale qui fera date dans l'histoire.
Plaque tournante, porte de l'Afrique, point d'ancrage, Dakar vibre de vie au rythme de la
marche de tout un peuple, de tout un continent.
Terre de la légendaire Téranga sénégalaise, tour à tour exubérante ou intime, Dakar fait
notre fierté légitime.
Merci donc au talent de Boubacar BA DORO pour l'avoir révélé à nos yeux dans ses plus
beaux atours.
Mamadou DIOP
Ex-Président de la République du Sénégal
LE BLASON DE LA VILLE DE DAKAR
« D'or aux deux chevrons de sinople, chaussé d'azur, chargé en chef d'un écusson de
gueules au phare d'argent rayonnant d'or à huit pièces, l'azur chargé en pointe de deux
pirogues affrontées de sable à la voile d'argent, l'écu timbré d'une couronne murale à trois
tours soutenu par deux branches de tamarinier de sinople ».
Le triangle d'or représente la presqu'île du Cap-Vert. Le Phare, celui des Mamelles qui
symbolise le rôle de Dakar en A.O.F avec huit rayons d'or pour les huit territoires de la
Fédération. Les deux chevrons représentent les deux Mamelles dominant la mer. Les
pirogues, la communauté Léboue, et les deux branches de tamariniers, les deux étymologies
possibles de Dakar : Tamarinier ou « Le Refuge ».
Soudé par un col d'une cinquantaine de kilomètres à la courbure du renflement africain, à
peu près à mi-distance entre le 30e degré de latitude nord où commence le désert et les
pays du Bénin. le bout de la presqu'île du Cap-Vert occupe une situation de bonne heure
reconnue intéressante sur la route des navires.
Ensuite sur les routes Europe-Afrique-Amérique du Sud ou Antilles, la situation du bout de la
presqu'île était sans égale. C'est en effet de tous les « Finistères » de l'ancien monde le plus
occidental.
La presqu'île du Cap-Vert dépasse 17 degrés Ouest de Greenwitch atteignant même 17
degrés 16' à la pointe des Almadies.
Dans les relations Europe-Afrique-Amérique d'autrefois, la ligne la plus courte était celle qui
passait par le Cap-Vert. Ainsi par sa situation favorable sur les lignes ouest-africaines de
cabotage ou de grande navigation et sur les lignes transatlantiques, par son eau dont les
sables du Cap-Vert étaient relativement riches, par la possibilité pour l'arrièrepays de
participer au « commerce triangulaire », la tête de la presqu'île constituait un carrefour de
premier plan. Mais il ne s'agissait que d'un carrefour maritime ; l'Afrique hostile était peu
pénétrée et les échanges se limitaient à une mince frange côtière.*
HISTORIQUE DE LA VILLE DE DAKAR
Les très nombreux gisements préhistoriques qui parsèment la presqu'île du Cap-Vert, surtout
dans les environs immédiats de DAKAR et RUFISQUE prouvent que l'homme a toujours
habité le pays. Il avait d'ailleurs à sa portée les ressources de la mer, de l'agriculture et de la
chasse. Ses outils étaient fabriqués avec une pierre d'excellente qualité (basalte de DAKAR,
calcaire de RUFISQUE).
Il a fallu attendre le XVème siècle pour découvrir le Cap Vert. Depuis 1434, les Portugais
sous l'énergique impulsion de l'infant Henri le Navigateur poussaient plus loin, au-delà du
Cap Bojador, qui fut jusque-là l'extrême limite des navigateurs vers le Sud.
En 1444, Denis DIAS arrivait en vue de la presqu'île et des pitons des Mamelles. Après toute
la côte plate et stérile parcourue depuis le Maroc, c'était le premier relief de quelque
importance, avec de la végétation : il appela cette presqu'île : Cap-Vert. Il débarqua dans
une île, Gorée, plutôt que les Madeleines. Mais les premiers contacts avec la Côte même
datent des années suivantes seulement. Gorée, alors appelée île Palma. devient l'escale
obligatoire des caravelles et des relations s'établirent avec la « grande terre », en particulier
pour la fourniture de l'eau et de vivres. Gorée fut longtemps connue sous ce nom.
La défaite de l'Invincible armada en 1588 ayant porté un coup terrible à là marine portugaise,
d'autres nations profitèrent de l'occasion pour s'établir sur les côtes ouest-africaines qui
étaient jusque-là le fief exclusif des Portugais.
Les Hollandais entre autres se montrèrent particulièrement entreprenants. Après 1595, ils y
trafiquèrent ouvertement et jetèrent tout naturellement leur dévolu sur la petite île. qu'ils
achetèrent en 1617 selon la tradition. Ils lui donnèrent le nom de Gorée venant de « Goede
Reede " c'est-à-dire la bonne rade.
L'île passa à la France en 1617, date à laquelle l'amiral d'ESTRES la conquit. La Grande
Terre faisait alors partie du royaume du Cayor. Il ne s'y élevait alors que quelques villages de
pêcheurs : Yoff, Hann, Bègne, sont parmi les premiers villages cités, et l'on voit apparaître
pour la première fois le village de DAKAR sur le croquis d'ADANSON établi en 1750.
Ce nom de DAKAR était rattaché à deux étymologies contestables :
" DAKAR » tamarinier en wolof
• DEUK RAW » le refuge en wolof
Vers 1750, le village de DAKAR était habité par des Lébous. Pour certains le mot Lébou
vient de « Léb » c'est-àdire faire des contes en wolof (ceux qui sont doués pour dire des
fables). Pour d autres le mot Lébou signifierait. défi, volonté d'indépendance.
De toute manière, les Lébous seraient originaires du TEKROUR (nord du Sénégal) d'où ils
avaient été chassés par les Almoravides. Les Lébous firent tout d'abord partie de la grande
migration sérère. lis se seraient d'abord installés près du lac Tanma (de nombreuses
traditions les rattachent au groupe NDOUT), puis auraient poursuivi leur déplacement vers le
Sud-ouest et auraient fondé Kounoune, Rufisque et Bargny.
L'occupation de la presqu'île se fit à partir de Tyorum (entre Keur Massar et Yeumbeul), sous
l'impulsion de trois groupes :
- Le premier fonda MBao et MBao Guédji
- Les Soumbédiounes sont à l'origine de Yoff, Ngor et Ouakam (côtes nord et ouest)
- Les Begnes enfin fondèrent une dizaine de villages qui ont fait place depuis lors à la ville de
Dakar.
Les Lébous secouèrent l'autorité du Damel du Cayor sous Amary NGoné COUMBA (1790
-1809) et firent reconnaître leur indépendance par son successeur Birama Fatma THIOUB
(1809 -1932).
Dial DIOP fut le héros de l'indépendance et devint le premier Chef de « l'Etat Lébou »
(1795). Cet Etat Lébou se dota d'une remarquable organisation politique qui comprenait des
Assemblées (les Diambours) et des Chefs tant coutumiers que religieux (Serigne NDakarou,
NDèye Dji Rew, Diaraf. Saltigué, Cadi etc … )
Pour se protéger contre les attaques des Tieddos du Damel. les Lébous construisirent des
retranchements de pierres sèches, les Tatas, isolant la presqu'île, et matérialisant une ligne
de défense « magique ».
Les vestiges de ces Tatas sont encore visibles près de Yoff.
Après les guerres napoléoniennes, les Français auxquels Gorée et Saint-Louis viennent
d'être rendues, reviennent au Sénégal.
En 1816, les naufragés de la Méduse sont accueillis par le Serigne NDakarou après que les
Anglais leur eurent refusé asile à Gorée. Le souvenir de ces naufragés est perpétué par
l'Anse Bernard qui porte le nom de leur Chef.
A cette époque, les premiers essais de colonisation agricole furent tentés, notamment par la
Société Coloniale Africaine, puis la Société Coloniale Philanthropique. Mais ils échouèrent.
En 1832, les Goréens acquirent le cimetière de Bel Air et en 1845, les missionnaires
édifièrent leur première fondation à l'emplacement de l'actuelle Mairie, premier établissement
important.
Telles furent les relations de la Presqu'île du Cap-Vert et de Gorée avant qu'intervint le fait
historique de 1857.
Le 25 mai 1857, le capitaine de vaisseau PROTET, Commandant supérieur de Gorée et
dépendances chef de la Division navale, à bord du Jeanne d'Arc adresse au ministre chargé
des colonies, le compte-rendu suivant :
« J'ai l'honneur de vous informer que j'ai fait arborer le pavillon français sur le petit fort que
nous avons construit à Dakar. Il dégagera notre commerce de tous péages d'ancrage, de
lest de sable et d'eau qui étaient imposés à nos bâtiments marchands, en même temps qu'il
étendra notre influence sur toute cette côte voisine de Gorée ».
« J'ai profité, pour faire acte de possession, du jour du Ramadan qui est pour la population
indigène de la presqu'île la plus grande fête de l'année. J'avais donné aux principaux chefs
un pavillon qu'ils ont arboré sur leurs cases, de sorte que les coups de fusil, les danses, et
les habits de fête de tous ces noirs ont autant célébré la domination française que la fin de
leur carême.
« Quant à nous, nous nous sommes bornés aux simples honneurs militaires préférant aux
réjouissances que nous avions pu ordonner celles bien plus de démonstrations des habitants
du pays que nous venons d'ajouter aux dépendances de Gorée ». Dakar fut fondé (1).
Politique du fait accompli que le Droit international moderne ne pourrait que qualifier
d'agression délibérée d'un état indépendant et souverain.
Dès 1862, débutèrent les travaux du Port de Dakar. Ils se poursuivent sans relâche pendant
quatre ans. Le port primitif de Dakar fut inauguré le 4 novembre 1866 par le passage du
paquebot des messageries impériales venant de Bordeaux.
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(1) – Le Sénégal ne comprenait alors que Saint-Louis et sa zone d'influence directe.
Les premiers essais d'urbanisation furent tentés par des administrateurs coloniaux qui ont
compris la nécessité d'établir des plans.
En 1862, PINET LAPRADE, Chef de bataillon du Génie compose un premier plan directeur
de Dakar qui s'articule sur le boulevard qui porte son nom. Sont alors tracés la rue des
Essarts, la place Kermel, le Cercle militaire et leurs environs.
Ce quartier a l'aspect d'une petite ville de province française qui se prêtera mal, par la suite.
à la circulation de nos jours.
A sa mort le 17 août 1863, PINET LAPRADE laisse un Dakar adulte, pourvu d'un port, de
quais, de bâtiments administratifs et militaires, de constructions commerciales, de rues
plantées d'arbres, de jardins et d'un musée,
En 1855 - 1886 est créé et exploité le chemin de fer Dakar Saint-Louis, dont la gare se
trouve à l'ouest de l'entrée du môle 1 approximativement à l'emplacement du frigorifique
actuel.
Le décret du 17 juin 1887 qui séparait officiellement Dakar de Gorée, consacrait la naissance
de celle-là en tant qu'unité autonome. N'étant plus sous la tutelle de Gorée, son extension se
fit plus rapide surtout lorsque la Marine française eut décidé de faire de Dakar un point
d'appui de sa flotte, à la suite des rivalités entre les grandes puissances qui ont surgi après
la conférence de Berlin. Les travaux durèrent jusqu'en 1908 et donnèrent au Port sa
physionomie définitive : arsenal, bassin de radoub, môles, jetées etc…
Au commencement du siècle, Dakar se limite au sud de l'ancienne route de Bel-Air et
Rufisque demeure toujours la capitale commerciale du pays.
Mais en 1902, se produit un événement capital. Le transfert du siège du Gouvernement
général de l'A.O.F. (Fédération de l'Afrique Occidentale Française) de Saint-Louis à Dakar,
symbolisait l'essor de la ville et sa grande destinée politique et commerciale, tout comme le
déclin de Saint-Louis, de Gorée et de Rufisque.
En 1907, le Gouverneur général ROUME, s'installe dans son Palais (actuel Présidence de la
République) situé dans le plateau. Cette installation donne à ce quartier ses destinées
résidentielles. Bordées par des installations militaires et des bâtiments administratifs, des
villas d'ordinaire à deux niveaux, s'ajoutent les uns aux autres entourées d'un jardinet et
d'une cour, tandis que l'ancienne population Léboue se regroupe dans les cases à l'intérieur
des îlots ou s 1 entasse à la périphérie, au-delà de la rue VINCENT.
En 1915, à la suite d'une épidémie de peste, les Européens refoulèrent les autochtones vers
un village de ségrégation aux abords de DAKAR. Le site est l'actuelle Medina.
A la même époque, Port et Arsenal, en se développant, attirent l'installation des premières
industries. La croissance de Dakar se poursuit de manière spectaculaire comme en
témoigne son évolution démographique,
1556 habitants en 1878. 8737 en 1891, 18447 en 1904 23883 en 1914, 33700 en 1926,
92600 en 1936. On s 1 aperçoit alors que Dakar qui avait poussé un peu trop vite, présentait
les symptômes d'une maladie de croissance. Pour y remédier, le premier plan directeur de
Dakar fut élaboré en 1946 par Messieurs LOPEZ, GUTTON et LAMBERT. Ce plan orienta le
développement urbain pendant toute la période coloniale.
En 1957, l'éclatement de l'A.O.F. fait perdre à Dakar sa qualité de Capitale fédérale. Mais
déjà avait été décidé le transfert de Saint-Louis à Dakar du siège de la Capitale sénégalaise.
Et c'est avec Dakar comme capitale que le Sénégal accédera à l'indépendance en 1960.
En 1961, un nouveau plan directeur fut approuvé, suivi d'un troisième.
L'objectif de ces plans est d'aménager au mieux ce qui existe et de prévoir des zones
d'extension vers lesquelles seront orientés les développements futurs.
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DAKAR, VILLE MODERNE
Aujourd'hui, Dakar est une grande métropole qui compte environ un million d'habitants.
Abordée par la mer, cette ville fait grande impression. Sur le rocher de la presqu'île se
dresse un ensemble majestueux de grands immeubles qui de loin, paraissent alignés en une
série de demi-cercles, en bordure des anses, orientées vers l'est qui forment la grande baie
dite de Dakar,
Une de ces anses loge un grand port moderne.
En arrière de l'enceinte du port, un vaste terrain plat porte les bâtiments administratifs du
port et l'immeuble principal de la gare derrière le port militaire, tandis que vers le Nord se
développe une zone industrielle qu'indiquent des réservoirs à hydrocarbures, des immeubles
massifs non jointifs parfois surmontés de cheminées.
C'est à l'ouest de ce secteur portuaire que s'étend la ville.
D'abord sur le plateau, une ville de type européen centré sur la place de l'Indépendance, une
ville complètement urbanisée, et groupant la presque totalité des activités administratives et
commerciales.
Ensuite, dans une plaine basse qui lui fait suite vers le nord se développe une agglomération
hétéroclite où des maisons en maçonnerie alternent avec des baraques, l'ensemble formant
un contraste avec le Plateau : c'est la Médina.
Enfin plus au nord, sur un nouveau plateau s'élèvent en direction des cônes volcaniques de
Ouakarn, des ensembles très modernes avec buildings ou villas (Fann Résidence, Point E,
Sicap, etc… alternant avec des quartiers populaires Grand Dakar. Fass, Nimzath, Niarry
Tally) indiquant une urbanisation en pleine évolution. Du reste, il est malaisé de déterminer
les limites de cette nouvelle zone qui se poursuit le long des axes routiers surtout de la ville
et mord chaque jour sur la périphérie par le développement de nouveaux noyaux tels ceux
de l'aéroport, de Yoff, des Parcelles assainies, et la création par les « déguerpis » de la ville
de nombreux bidonvilles comme ceux de Diamaguène et de Guédiawaye etc…
D'une manière générale, Dakar est un grand ensemble complexe, dont la croissance se
poursuit à un rythme très rapide. Les paysages urbains de cet ensemble sont en rapport
avec les différentes fonctions de la ville.
La capitale sénégalaise est en effet une ville à fonctions multiples. Dakar a :
- une fonction politique et administrative,
- une fonction commerciale,
- une fonction industrielle.
Il s'y ajoute d'autres fonctions qui renforcent son influence.
Fonction d'escale et de transit par le port et l'aéroport, fonction universitaire, fonction de
carrefour artistique par l'activité de son grand théâtre par l'Ecole des Arts…
Dakar est enfin une métropole par l'aspect monumental et l'organisation urbaine de son
centre ville liés à un souci de prestige en rapport avec la fonction de Capitale. Dakar
constitue l'un des ensembles les plus monumentaux et les mieux organisés de l'Afrique
Noire.
Dakar, ville cosmopolite
Ancien village de pêcheurs Lebou et Wolof, Dacar ou Dahar qui signifie «tamarinier» en
wolof, est envahi par les colons au XIXe siècle, Gorée devenant surpeuplée. En 1857,
l’armée, initialement fixée à Gorée, est transférée sur le continent par le capitaine Protêt et
s’installe sur l’actuelle Place de l’Indépendance. La ville de Dakar se développe alors avec,
comme atout principal, son port naturel.
Dakar, aujourd’hui métropole administrative, politique, militaire, économique, sociale et
culturelle est une ville cosmopolite, africaine et européenne à la fois, de plus de deux millions
d'habitants.
Le centre urbain
On retrouve dans l’organisation géographique de la capitale la politique coloniale
ségrégationniste d’avant 1945 :
• Le Plateau, situé sur une falaise de 20 à 30 mètres de haut, comprend le centre de la
ville, la Place de l’Indépendance, le quartier des affaires et des administrations.
• La Médina, le cœur populaire de Dakar, est typique avec son plan quadrillé. Son
habitat reflète la structure du village : les pièces sont organisées autour d’une cour
intérieure où trône un baobab ou un fromager.
• D'autres quartiers très peuplés se sont développés : Gueule Tapée, Fass, Grand
Dakar, puis les SICAP et HLM.
Principaux pôles d’attraction
• Le palais du Président de la République. Il se dresse au milieu d’un très beau parc,
face à l’océan.
• Le musée de l’IFAN consacré aux arts et traditions de l’Afrique de l’Ouest.
• Le marché couvert de Sandaga, à l’architecture néo-soudanaise, très pittoresque, le
marché Tilène, près de la Médina, très riche en couleurs, le marché Kermel.
• Autour de la Place de l’Indépendance : l’Hôtel de Ville datant de 1914, la gare,
l’embarcadère pour Gorée et le port, très actif.
• La Grande Mosquée, l’un des plus beaux édifices religieux d’Afrique.
En dehors du centre ville
• Soumbédioune, avec son marché artisanal et son grand port de pêche,puis, le long
de la grande corniche, le quartier des ambassades de Fann Résidences, puis
Ouakam
• Les Mamelles, deux collines d’origine volcanique, dont la plus occidentale supporte le
plus puissant phare d’Afrique.
• La pointe des Almadies, cap le plus à l’ouest du continent.
• Ngor, l’île aux artistes et Yoff, petit port de pêche très animé.
A l'Est, la zone industrielle borde la baie de Hann. Tout proche, le parc zoologique de Hann.
Au Nord enfin s'étendent les quartiers de banlieue de Parcelles Assainies, Pikine et
Guédiawaye, qui rassemblent la moitié de la population de la ville.
L’ILE DE GOREE
Un quart d'heure seulement en chaloupe suffit pour relier Gorée au reste du continent. D'une
superficie de 28 hectares, cette île exerce un charme et une fascination extraordinaires sur
les visiteurs qui ressentent une émotion particulière en déambulant dans ses ruelles étroites
et paisibles.
Trois siècles durant, de nombreux africains ont été réduits à l'esclavage et embarqués, à
partir de l'île de Gorée en direction du continent américain. La célèbre Maison des esclaves,
un des musées les plus visités au Sénégal, conserve encore toute la poignante réalité de ce
pan de l'histoire universelle.
Tour à tour occupée par les Portugais, les Hollandais, les Français, les Anglais qui la
rendirent à la France en 1817, Gorée était une escale obligée pour les navires européens à
destination de l'Amérique et de l'Asie. Dès l'abolition de l'esclavage en 1848, le déclin de l'île
est inévitable, surtout avec la création de Dakar en 1857 et Rufisque en 1859. A partir de
1929, Gorée est annexée à la capitale.
Aujourd'hui, l'île abrite de nombreuses résidences secondaires et accueille tous les jours de
nombreux visiteurs. Plusieurs sites sont dignes d'intérêt : le musée historique, dans le fort
d'Estrées, où l'histoire du Sénégal est passée en revue, de la préhistoire à l'indépendance,
en passant par la période coloniale, le musée de la femme qui présente des vitrines très
originales sur le rôle des femmes sénégalaises dans les sociétés traditionnelle et moderne et
le musée de la mer, célèbre pour ses collections de poissons et mollusques marins.
Le Castel, plateau rocheux recouvert de fortifications, domine l'île et offre une vue superbe
sur Dakar. En face du marché, se dresse le Relais de l'Espadon, ancienne résidence du
gouverneur français de Gorée transformée en hôtel et aujourd'hui abandonné.
Située à moins de quatre kilomètres de Dakar, au centre de la rade que forme la côte sud de
la presqu'île du Cap-Vert, l'île de Gorée offre un abri sûr pour le mouillage des navires. De
ce fait, elle a été, depuis le XVe siècle, un enjeu entre diverses nations européennes qui l'ont
successivement utilisée comme escale ou comme marché d'esclaves.
Appelée " Beer" en wolof, elle a été baptisée "Goede Reede" par les Hollandais, pour être
connue plus tard sous le nom de Gorée. Elle offrait, surtout à la fin du XVIIIe siècle, le double visage d'un carrefour prospère, où commerçants, soldats et fonctionnaires vivaient dans un
décor de rêve, et d'un entrepôt de "bois d'ébène", avec tout son cortège de souffrances et de
larmes.
Cette dualité s'est inscrite dans l'aspect physique de Gorée : au premier abord apparaît
l'harmonie du site naturel avec les forts et les édifices publics aux lignes classiques, et
surtout avec les maisons parées de toutes les teintes de vieux rose, qui laissent deviner,
entre leurs arcades, le bleu de la mer et le vert des jardins intérieurs, où, à l'abri des vents
atlantiques, s'ouvrent les vérandas à colonnes, les escaliers en fer à cheval, les allées de
basalte poli. Un grand nombre de ces maisons abritaient, dans leur sous-sol, l'esclaverie où
étaient parqués hommes et femmes, le plus souvent jeunes, destinés aux plantations et aux
ateliers des Amériques. Dans des caves humides et sombres, ou dans des cachots de
torture pour ceux qui se révoltaient, les déportés séjournaient durant des semaines, dans
l'attente du voyage sans retour.
Là, au moment d'embarquer, chaque esclave était marqué au fer rouge, à l'emblème de son
propriétaire. Puis les esclaves étaient entassés dans les cales, où beaucoup d'entre eux
devaient périr avant l'arrivée à destination.
Mais l'Amérique, dont la colonisation a été à l'origine de cette tragique déportation, allait être
également le cadre de grandes luttes libératrices qui, peu à peu, y mettront fin. Préparée par
le triomphe de la Révolution Haitienne à Vertières en 1803, et proclamée au Congrès de
Vienne en 1815, l'abolition officielle de la traite négrière produisit ses effets sur Gorée.
Dès 1822, des institutions éducatives y prennent naissance. Devenue centre administratif et
scolaire, l'île abrita notamment l'école normale fédérale de l'Afrique-Occidentale française,
connue surtout sous le nom d'École William-Ponty, qui forma les cadres africains dont
plusieurs devaient, plus tard, contribuer à la décolonisation de l'Afrique subsaharienne. Par
la suite, Gorée a connu une longue période de déclin.
De nos jours, l'île abrite de nouveau des établissements éducatifs destinés à la formation de
cadres nationaux ainsi que l'Université des Mutants, dont la vocation est d'apprécier et
d'approfondir les aspects les plus fécondants des diverses cultures du monde, pour mieux
les ouvrir à l'esprit de fraternité et de coopération universelles. Ainsi, après avoir été, entre l'Afrique et les Amériques noires, le trait d'union symbolique de
la désolation, Gorée devient-elle peu à peu un symbole d'espoir, vers où, de plus en plus
nombreux, convergent aujourd'hui, en une sorte de pèlerinage, les descendants des
déportés de jadis, en quête de leurs racines et tous ceux qui entendent puiser dans son
histoire les raisons d'une nouvelle solidarité des peuples.
Gorée a gardé, des souffrances et des joies qu'elle a ensemble abritées, comme une faculté
de surmonter les épreuves, d'absorber le malheur dans la respiration régulière de l'océan.
De même, à travers les diverses périodes qu'elle a traversées, Gorée a préservé une
cohérence architecturale qui réunit les apports culturels les plus dissemblables – nordiques et
méditerranéens, islamiques et chrétiens -pour les fondre dans une unité dictée à la fois par
l'exiguïté de l'espace, l'exposition aux vents du grand large, l'homogénéité du matériau de
construction et, enfin, peut-être surtout, les courants d'une histoire tourmentée qui avait fait
de chaque demeure un entrepôt d'esclaves en même temps qu'une position de défense.
Gorée offre une heureuse symbiose du passé et du présent, de l'histoire et du quotidien, de
l'harmonie des formules visibles et de l'empreinte dramatique du souvenir. C’est pourquoi
elle constitue désormais un de ces lieux uniques où peut se retremper la mémoire des
jeunes générations d'Afrique et des Amériques, en même temps que se renouvellent les
sources de leur inspiration. Un tel endroit, s'il appartient à l'imaginaire vivant de l'Afrique et
des Amériques, appartient, dans une égale mesure, à la conscience du monde. Il peut
devenir une terre de méditation, un haut lieu de réflexion et de recueillement, où les
hommes, plus conscients des tragédies de leur histoire, apprendront mieux le sens de la
justice et celui de la fraternité.